La photo et la résidence, V.

Qu’est-ce qui sous-tend la résidence, das Wohnen, sinon les courants vitaux qui traversent ton biotope! Alors l’homme cultivé, la femme cultivée, face à ces courants? Ils tentent de les moduler! Ce qui veut dire: „faire varier d’une manière souple pour adapter aux conditions du moment“. Ce n’est pas de la maîtrise - qui d’ailleurs risquerait de dessécher le biotope pour les individus qui la pratiqueraient. Il suffit déjà qu’avec l’âge, chez l’individu, les effets de ces courants vivifiants diminuent, phénomène auquel il ne peut remédier qu’en en multipliant les échos dans les scènes „qui lui chantent“. 

Les multiplicateurs, ici, ce sont les arts - dont la photographie, cet écho visuel aux formes qui forment la scène où elles se trouvent, die „formenden Formen“, formes formantes, différentes en cela des „geformten Formen“, formes formées qui n’ont pas cette force de s’imposer à ce qui les entoure. Alors ces formes dynamiques, dans leur tendance à former toute la scène qui les héberge, entrent en conflit entre elles et transforment leur scène en un champ de tensions permanentes, assurant ainsi la présence imminente des forces vives supplémentaires dont a besoin, pour maintenir sa présence d’esprit et de corps, l’individu vieillissant, à qui il ne suffit plus de courir simplement les pistes chaudes, le regard avide rivé sur la trace de l’autre convoité.

Dans cette salle des échos ainsi créée se rencontrent et se répondent des moments très éloignés même les uns des autres, formant des scènes à plusieurs dimensions temporelles et spatiales. Il apparaît alors un univers mental et psychique bien plus riche que les scènes parcourues dans la trajectoire linéaire de la vie immédiate, scènes enrichies maintenant par les réfractions et réverbérations de cet univers présent chaque jour dans et par la pratique de l’art.