Des stimuli de l'existence.

C'est dans l'économie privée que j'ai fait la connaissance des forcenés du travail, de ces entrepreneurs et managers assidus que seul mobilise le stimulus de la concurrence et du gain. Quels ravages quand il n'y a plus que ça... Chez elles comme chez eux, le plaisir se réduit à une hygiène psycho-physique, ce n'est plus une dimension de l'existence, mais une fonction... 

Et le vivre ensemble des couples lui aussi conduit irrémédiablement à cette réduction de la dimension existentielle à la fonction hygiénique.

Il est vrai que la déception est inhérente au plaisir, puisque elle s'impose dans son assouvissement, impitoyablement à chaque coup. Mais le recul aidant, le désir se redéveloppe, l'absence et l'imagination faisant leur oeuvre. Le nouvel élan vers l'autre fait oublier la déception de l’ancien - à condition pourtant que l'on ne partage pas le quotidien avec l'autre personne, car sans son absence, pas d'imagination et, par conséquent, pas de désir. Cela n'exclut pas des relations de longue, voire de très longue durée, s’étendant sur des décennies même, mais lancées alors sur des trajectoires à part, loin du train-train quotidien. 

C'est un lieu commun, j'en conviens. Via Adolphe ("elle avait été un but, elle était devenue un lien") jusqu'à la Recherche du Temps perdu, le thème - approfondi déjà par les Anciens - s'est prolongé dans la modernité. 

C'est chaque fois, bien au-delà des premières années de la retraite, et sans recours - que je considère comme honteux - à des médicaments du bord, un retour à l'animalité première, telle que peuvent la vivre des gens cultivés et disciplinés seulement, capables de dépasser cette culture et cette discipline, en les mettant entre parenthèses, comme dirait Edmund Husserl. L'animalité toute simple n'arrive pas à ces sommets du plaisir, car elle se consomme vite dans les chaleurs brutales du besoin physique tout cru.   

Quelle est cette extase dans l'étreinte? Est-ce tout simplement, comme le voulait Baudelaire, la poésie du peuple? Dans la première jeunesse, peut-être. Mais à l'âge mûr, ces extases sont réservées à celles et ceux qui n'auront pas perdu leur animalité première et primaire, hautement cultivée cependant. 

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