Comme si nous avions changé de planète.

De nos jours, une marée d’images érode le réel, susceptible de représentation avant même d’être présent. Cela change la qualité de la présence, car celle-ci n’est plus abordée „en direct“, mais par le biais du flux d'images qui l’accompagne désormais. La représentation, phénomène rare jadis, s’est banalisée. Elle est devenue un aspect de la présence elle-même - qui, elle, a changé de nature.

Passée de la rareté à l’abondance, la représentation a vu s’effondrer ses prix. Si l’on ne considère que son coût marginal, elle est quasiment gratuite aujourd’hui, dans nos contrées. Cette inflation maximale impacte l’économie - via l’industrie créative, par exemple, où le do it yourself s’est imposé avec force - et révolutionne la production du sens.

Celle-ci se caractérise aujourd’hui par l’accélération inouïe de la circulation de son imagerie dont la durée de vie est de plus en plus brève, phénomène qui correspond au rejaillissement permanent de nouveaux flux d’images. 

Voilà qui influe massivement sur notre perception du temps et de l’espace. Ces miroirs qui accompagnent désormais nos existences en nous renvoyant sans cesse les images de ce qui nous arrive focalisent notre attention sur le moment présent et sur l’espace où nous nous trouvons, tout en détachant ce moment et cet espace de l’ancienne réalité qui fut la nôtre il y a dix ou vingt ans. 

C’est comme si nous avions changé de planète. 

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